La toxine botulique, nouvelle arme contre l’incontinence fécale active.
Position du problème
L'incontinence anale est un problème de santé publique par sa fréquence et les conséquences qu'elle engendre. La toxine boutique est utilisée de longue date en urologie pour lutter contre l'incontinence urinaire avec urgenturie avec un bon profil d'efficacité et de sécurité. Pouvons-nous utiliser cette molécule avec des injections sous-muqueuses intra-rectales pour lutter contre l'incontinence anale active avec impériosité ?
Méthode
Il s'agissait d'une étude randomisée, multicentrique, en double-aveugle, et contre placebo ayant inclus 200 patients. Après une préparation colique les patients recevaient 10 injections de toxine dans le rectum pour une dose totale de 200UI au cours d'une rectoscopie sous anesthésie locale. Le critère de jugement principal était le nombre d'épisodes d'incontinence fécale et d'impériosité évalués à l'aide d'un journal des selles à 3 mois du traitement.
Résultat
A 3 mois, on observait une diminution du nombre d'incontinence et d'impériosité dans le groupe toxine par rapport au groupe placebo. Avec un nombre passant de 1,9 à 0,8 dans le groupe toxine et de 1,4 à 1,0 dans le groupe placebo pour une différence de moyenne ajustée de -0,51 (p=0.0008). Une majorité de patient du groupe toxine voyaient leurs symptômes réduit d'au moins 50% par rapport au placebo (p=0.0001). Le groupe toxine avait une capacité de retenu des selles augmentée (p=0.02), un score qualité de vie amélioré dans les composantes mode de vie (p=0.04) et comportement (p=0.002) ainsi qu'une satisfaction globale supérieure par rapport au placebo (86% vs 37%, p<0.0001).
Conclusion
Les injections intra-rectales de toxine botulique s'inscrivent comme une nouvelle arme pour lutter contre l'incontinence fécale active par impériosité. Elles permettent de réduire le nombre d'épisode quotidien tout en ayant un effet positif sur le comportement et le mode de vie des malades. Des études ultérieurs sont nécessaires préciser les indications (microrectum de RCH quiescent, microrectum fonctionnel ?) et pour optimiser les protocoles thérapeutiques et évaluer les effets du traitement sur le long terme.
Florian GROUSEZ, Bordeaux