MSI/dMMR dans le cancer colo-rectal, première cohorte de vie réelle sur cinq ans. Quelles sont les statistiques ?
Position du problème
L'instabilité microsatellitaire (MSI/dMMR) a été associée à un pronostic sombre dans les cancers colo-rectaux (CCR) en situation métastatique. Le pronostic était meilleur en situation adjuvante pour les stades II. Depuis l'utilisation des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire (ICI) dans les stades IV, nous avons été spectateurs de réponse parfois impressionnantes. Une large cohorte prospective en vie réelle sur 5 ans a été menée pour évaluer le pronostic de ces patients MSI.
Méthode
COLOMIN2 est une cohorte nationale de vraie vie, prospective et multicentrique ayant inclus des patients porteurs d'un CCR avec statut dMMR et/ou MSI. Le critère d'évaluation principal était le temps jusque récidive (TTR) pour les tumeurs non métastatiques et la survie sans progression (SSP) pour les tumeurs métastatiques. Au total, 619 patients ont été inclus de 01/2016 à 12/2021 dans 37 centres avec un CCR dMMR/MSI de stade I (11,1%), II (40,9%), III (29,3%) ou IV (18,7%). L'âge moyen était de 69 ans, 76% avaient un statut dMMR (avec ou sans preuve MSI), et 23 % étaient MSI seuls.
Résultat
Plus de 40% présentaient un syndrome de Lynch. Une chimiothérapie (CT) adjuvante, surtout par oxaliplatine (83%), a été administrée à 18,6% des stades II et 71% des stades III. Les TTR à 3 ans étaient de 92,7% (stade I), 91% (stade II) et 66% (stade III) respectivement. Pour les stades I et II, il n'y avait pas de différence de SSR en fonction de la réalisation ou non d'une CT adjuvante, contrairement au stade III où les résultats étaient meilleurs avec la CT (66 % vs 100%). Pour les stades IV, la SSP médiane était de 11 mois pour les patients traités par CT (80%) vs 29 mois pour les patients traités par ICI (13%).
Conclusion
Cette étude de vie réelle confirme un bon pronostic des CCR dMMR/MSI localisés avec un risque élevé de récidive dans les stades III sans CT adjuvante. Le faible nombre de patients traités par immunothérapie dans cette cohorte s'explique par le fait que cette étude se termine en 2021, l'année de l'autorisation de mise sur le marché du PEMBROLIZUMAB dans le CCR dMMR/MSI non résécable d'emblée. Il s'agit d'une étude marquant la transition vers un probable meilleur pronostic du cancer colo-rectal dMMR/MSI métastatique grâce à l'immunothérapie.
Zakia FILALI ANSARY, Toulouse