Perforation colorectale et dissection sous-muqueuse : résultats d’une large cohorte prospective.

Position du problème

La dissection sous-muqueuse endoscopique (DSM), est une technique de référence pour la résection des lésions muqueuses coliques. Néanmoins, elle peine à s'imposer en raison de sa difficulté technique et de la crainte concernant les complications, notamment perforatives. L’objectif de cette étude est donc d’évaluer les perforations survenant lors ou au décours de DSM colorectales dans une cohorte prospective multicentrique.

Méthode

Les patients sont issus de la cohorte prospective multicentrique FECCO, regroupant l'ensemble des DSM réalisées entre 2019 et 2022 (n= 3370). La perforation per-procédure (PPP) est définie par l’exposition de l’espace péritonéal lors de la DSM et la perforation retardée (PR) par une douleur abdominale avec présence de gaz extra-digestif ou d’une péritonite au scanner dans les 30 jours après la DSM.

Résultat

On dénombrait 336 perforations (8,9%), dont 314 en per-procédure et 22 retardées. Le traitement conservateur était efficace dans 96.8% des cas dans le groupe PPP mais seulement dans 18% des cas dans le groupe PR. Il n'y a pas eu de décès secondaire à une perforation. Les principaux facteurs de risque de PPP étaient : un antécédent de résection, une localisation distale, une taille > 50 mm, une faible manœuvrabilité, et une fibrose sous-muqueuse intense. Les principaux facteurs de risque de PR étaient : une localisation proximale et une fibrose sous-muqueuse intense.

Conclusion

La perforation lors d'une dissection sous-muqueuse colorectale ou après cette dernière est peu fréquente. La quasi-totalité des perforations per-procédure peut être traitée de façon conservatrice avec une courte surveillance hospitalière (en moyenne 2 jours). En revanche, la chirurgie après perforation retardée est fréquente, nécessitant une information claire des patients sur les bénéfices et les risques de la DSM.

Augustin MERIA