Peut-on réduire les taux d’échec des traitements de première et de seconde ligne de l’incontinence fécale ?

Position du problème

L'incontinence anale (IA) dispose de différents traitements : en 1ère ligne des règles hygiéno-diététiques, la régulation du transit et la rééducation périnéale, et en seconde ligne la neuromodulation des racines sacrées. En cas d'échec de ces thérapeutiques, les traitements deviennent plus complexes, avec des options chirurgicales, des injections de toxine ou des essais thérapeutiques. Se pose alors la question des facteurs prédictifs d'échec des traitements de première et deuxième ligne, et la recherche d'action potentielle sur ces facteurs ?

Méthode

Il s'agissait d'une étude monocentrique et rétrospective. Les données cliniques, para-cliniques, les scores symptomatiques (dont le score de Cleveland), les traitements proposés (première et/ou seconde ligne), le calendrier des selles et la satisfaction était recueillis. L'échec était défini par l'absence ou le manque d'amélioration (<50%) et/ou l'insatisfaction du patient. La contre-indication à la neuromodulation était considérée comme un échec. Les données des patients en échec étaient finalement comparées à celles des patients non en échec.

Résultat

164 patients ont été inclus pour analyse. 24 patients (14,6%) étaient en échec et 140 (85,4%) en non-échec. Les facteurs de risques d'échec identifiés étaient un faible IMC (p=0,02), l'antécédent de chirurgie de fistule anale (p=0,04) et la durée d'évolution des symptômes (56,2 mois vs 51,4 mois; p=0,04). L'IA active est plus souvent en échec (p=0,06). En analyse multivariée, le faible IMC (p=0,03) et l'IA active (p=0,04) étaient des facteurs de risques indépendant de l'échec des traitements. Parmi les échecs, 23 patients ont bénéficié d'un traitement complémentaire et 14 ont été améliorés (intensification du traitement ou injection de toxine).

Conclusion

Cette étude met en évidence des facteurs de risque d'échec des traitements de 1ère et de 2nde ligne de l'incontinence anale difficilement modifiables : faible IMC (car considéré comme déjà pris en charge), antécédent de chirurgie de fistule anale et IA active. Néanmoins, il semble possible d'agir sur l'ancienneté des symptômes, avec un diagnostic plus précoce. Il apparait alors nécessaire de mieux dépister les populations à risque d'IA. Une intensification des traitements ou l'utilisation de nouveaux traitements validés comme la toxine botulique doivent être envisagés.

Florian GROUSEZ, Bordeaux