Prévalence des troubles de l’interaction intestin-cerveau chez les obèses en population générale: données d’une étude européenne de grande envergure.
Position du problème
La prévalence des troubles de l'interaction intestin-cerveau (TIIC) au sein des populations obèses demeure inconnue. Ce sujet gagne en importance au vu de la prévalence croissante de l'obésité et de l'impact péjoratif des TIIC sur la qualité de vie et la santé mentale des malades qui en souffrent. Les données de la littérature étant surtout issues de cohorte de chirurgie bariatrique, cette étude fournit les premières données sur la prévalence et les facteurs de risque de survenue des TIIC chez les patients obèses, en population générale.
Méthode
Les données ont été recueillies à partir de formulaires en ligne, dans le cadre d'une enquête de la "Rome Foundation Global Epidemiology Study" incluant des sujets issus de 11 pays européens. La première étape de l'analyse aura consisté à déterminer les prévalences respectives de l'obésité et des TIIC au sein de la population globale. Par la suite, les populations obèses et non obèses ont été comparées par rapport à leurs prévalences respectives des TIIC. Enfin, la recherche de facteurs associés à la présence de TIIC a également été réalisée dans la population obèse.
Résultat
Au total, 20117 sujets ont été inclus dans l'analyse. Au sein de la population, les prévalences respectives de l'obésité et des TIIC étaient de 17,8% et 44,2%. Les analyses comparatives révèlent ensuite une plus forte prévalence des TIIC au sein de la population obèse (44.2% vs 39.2% dans le groupe non-obèse, OR=1.20 (1.12, 1.30)). Ce surrisque persiste par ailleurs après ajustement des analyses sur les différentes variables démographiques. Les facteurs associés à la présence de TIIC dans la population obèse étaient le sexe féminin, une sommatisation plus importante, une qualité de vie (QDV) diminuée, ainsi qu'un niveau important d'anxiété et de dépression.
Conclusion
Cette étude épidémiologique menée sur des sujets obèses issue de la population générale confirme la forte prévalence des TIIC dans cette sous-population. Ils seraient par ailleurs associés au sexe féminin et à des niveaux plus d'importants d'anxiété, de dépression, de sommatisation et d'altération de la QDV. L'étude se distingue par le volume de son échantillon et la population source, à la différence des cohortes chirurgicales. Les facteurs de risques identifiés permettraient de mieux dépister les populations à risque de TIIC et de leur proposer une prise en charge adéquate.
Philippe ONANA, Nice