Régression de la cirrhose et diminution du risque de CHC après éradication du VHC : mythe ou réalité ?
Position du problème
L'éradication du virus de l'hépatite C (VHC) permet d'observer une régression de la fibrose sur les tests non invasifs (TNI) après réponse virologique soutenue (RVS). La fibrose avancée expose au risque de survenue d'un carcinome hépatocellulaire (CHC) justifiant le dépistage du CHC. L'objectif de cette étude était d'évaluer l'impact de la régression de la fibrose sur la survenue du CHC et plus particulièrement le risque de CHC en fonction de l'évolution des TNI.
Méthode
Les données sont obtenues de deux cohortes prospectives multicentriques françaises de patients infectés par le VHC recrutés depuis 2006 (CirVir avec que des F4, et Hepather avec des F0 à F4). Un Fib4 > 3.25 ou un APRI > 1 déterminaient la fibrose avancée. La dynamique des tests non invasifs de fibrose (TNI) (Fib4, score APRI et élastométrie) était évaluée selon la survenue d'un CHC. 8247 patients ont été inclus, dont 3500 cirrhotiques. Un CHC a été diagnostiqué chez 298 patients, dont 26 chez des patients non cirrhotiques.
Résultat
L'incidence annuelle de CHC était corrélée au stade de fibrose initial avec un risque à 1.5% chez les F3-F4 et 0.04% chez les F0-F2. La dynamique des TNI a également était évaluée pour le risque de survenue de CHC: chez les patients qui gardent un Fib 4 élevé, le risque de CHC augmente à 3% posant la question d'intensifier le dépistage. Chez les patients avec Fib 4 élevé mais amélioré après RVS, le risque de CHC reste élevé estimé à 1% par an, supérieur à celui des patients F0-F2 initialement.
Conclusion
Cette étude incite à une grande précaution dans le dépistage du CHC post-VHC. Elle montre que le risque de CHC dépend essentiellement du statut de fibrose avant éradication. Elle décrit une absence de corrélation entre les TNI après RVS et le risque de CHC mais également entre les TNI et le statut histologique de fibrose, surestimant parfois la régression de fibrose. Par ailleurs, l'âge étant également un facteur de risque, le dépistage doit être poursuivi y compris chez les patients présentant une amélioration de leurs TNI.
Zakia FILALI ANSARY, Toulouse