Surveillance seule : une stratégie envisageable pour certaines lésions épithéliale de haut grade (HSIL) de l’anus ?
Position du problème
Il est connu que la population homosexuelle masculine (HSH) VIH+ a un risque élevé de cacinome épidermoïde anal HPV induit. De fait l'évolution naturelle des lésions anales intra-épithéliales de haut grade (HSIL) est assez mal connue devant un manque de données sur le suivi de patients non traités. L'objectif de l'étude est ici d'apprécier l'évolution naturelle de ces lésions HSIL, sans intervention, dans une population HSH porteuse du VIH.
Méthode
Il s'agit d'une cohorte multicentrique (6 centres français) de patients homosexuels masculins VIH+ de plus de 35 ans, pour qui un suivi des lésions HSIL , non traitée, était réalisé par anuscopie haute résolution (AHR) semestrielle, avec frottis et biopsie. On s'intéresse ici à la clairance des lésions, définie par une régression histologique ou une disparition de la lésions lors de l'AHR. A noter que les lames étaient relues par les pathologistes de 5 centre pour obtenir un diagnostic consensuel.
Résultat
Un total de 513 patients HSH et VIH+ a été inclus entre 2014 et 2016, avec un âge moyen d'environ 50 ans. La quasi-totalité des patient était sous antirétroviral avec une charge virale indétectable. La prévalence mesuré de l'HPV à haut risque était de 70% et 21,8% de patients étaient porteurs de lésions HSIL, permettant de recenser un total de 188 lésions. Près de la moitié des lésions ont spontanément régressées en 36 mois, ce qui a permis d'isoler 2 facteurs prédictifs : la taille et le nombre de lésions. En effet des lésions plus petites et moins nombreuses avaient significativement plus de chances d'avoir une clairance spontanée. On ne note aucun diagnostic de cancer à la fin du suivi.
Conclusion
La clairance spontanée des lésions anales intra épithéliales de haut grade (HSIL) est possible et est même plus fréquente que leur persistance à 5 ans. Contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer la présence d'HPV16 n'est pas lié à une persistance des lésions. En revanche leur nombre et leur grande taille est plutôt correlé à un défaut de clairance. En pratique on pourrait peut-être imaginer une proposition thérapeutique consistant en une surveillance simple par AHR des patients ayant des lésions HSIL peu nombreuses ou de petite taille.
Augustin MERIA, Caen