Une association géographique entre l’incidence de l’adénocarcinome pancréatique et l’utilisation des pesticides ?

Position du problème

Second cancer digestif en incidence dans le monde, l'adénocarcinome pancréatique (AP) est un problème majeur de santé publique, en particulier en France où son incidence est encore plus marquée que dans les autres pays d'Europe. L'utilisation plus importante des pesticides dans notre pays comparativement à nos voisins (en lien avec notre territoire très agricole), pourrait être une piste d'explication. Cette étude a donc exploré l'association géographique entre pesticides et AP.

Méthode

Cette étude rétrospective, basées sur les données du Système National des Données de Santé (SNDS) couvrant une période de 11 ans (2011 à 2021), a couvert l'intégralité du territoire français divisé en 5529 unités géographiques (cantons ou communes). Pour chaque unité, l’exposition aux pesticides a été estimée par la médiane du ratio entre l’achat de pesticide et la surface agricole sur la période d’étude. Les 9 substances chimiques les plus achetées ont été incluses, dont le glyphosate. L'objectif était de connaitre l'incidence géographique de l'AP et estimer son association aux pesticides.

Résultat

Plus de 130 000 cas d'AP ont été identifiés sur cette période de 11 ans, concordant avec les données de santé publique. Les plus fortes zones d'incidence géographiques étaient la région parisienne, le centre de la France et la côte méditerranéenne, différentes des zones d'exposition aux autres facteurs de risques d'AP connus (tabac, diabète, obésité). L'utilisation de pesticides, du souffre pulvérisé, du mancozèbe et du glyphosate était significativement associée à une augmentation du risque d'AP variant de 0,9 et 1,4%.

Conclusion

Cette étude est la première à explorer de manière aussi fine l'incidence géographique de l'AP. Malgré un lien statistique fort établi entre l'utilisation des pesticides/herbicides (en particulier le souffre pulvérisé, mancozèbe, et glyphosate) et l'AP, la faible hausse de risque estimée ne semble pas expliquer à elle seule la répartition géographique des cas. D'autres facteurs environnementaux tels que l'alimentation, ou l'exposition aux perturbateurs endocriniens dans l'enfance restent à explorer.

Adrien PATENOTTE, Lyon