Description et impact sur la survie des effets secondaires immuno-médiés sévères dans les cancers digestifs dMMR/MSI traités par immunothérapie

Position du problème

Une corrélation entre les effets secondaires immuno-médiés et l’efficacité de l’immunothérapie a été mise en évidence dans de nombreux type tumoraux : mélanome, le cancer bronchique non à petite cellule et le CHC. Cependant ceci a été peu étudié dans les cancers digestifs. Cette étude avait pour but d’étudier l’impact de la survenue d’effets indésirables (EI) sur l’efficacité du traitement chez les patients avec un cancer digestif dMMR/ MSI, traités par immunothérapie.

Méthode

Il s'agit d'une étude multicentrique, rétrospective ayant inclus 1175 patients avec un cancer digestif dMMR/MSI traités par immunothérapie. La majorité des patients étaient traités par pembrolizumab. Seuls 3% des patients avaient une double immunothérapie par nivolumab et ipilimumab. L’objectif principal était d'étudier l’impact des EI immuno-médiés de grade ≥ 3 sur la survie sans progression (SSP). Les objectifs secondaires étaient la description des EI immuno-médiés, l’impact sur la survie globale (SG) et la réponse objective.

Résultat

1175 patients inclus avec une majorité de cancers colorectaux (83%). 10% des patients ont présenté un EI immuno-médié de grade≥3 (33%digestifs, 17%hépatiques, 8%rhumatologiques, 4%décès), statistiquement associé à une SSP plus longue (médiane: 43,3 mois vs NE) (p=0,002) et un taux de réponse tumorale plus élevé (p<0,0001). Environ 1/4 des patients (27%) ont repris l'immunothérapie après un EI de grade ≥3 et plus de la moitié d'entre eux (56%) ont récidivé l'EI. Le seul facteur de risque identifié de survenue d’un EI grade ≥3 était la double immunothérapie (p=0,017). Par ailleurs, le délai médian de survenue de ces EI était de 107 jours ce qui écarte les patients qui ont progressé rapidement.

Conclusion

La survenue d'un EI immuno-médié de grade ≥3 est associé à une meilleure SSP et une meilleure réponse tumorale. Plus de la moitié des patients récidivent l'EI à la réintroduction, il faut donc discuter au cas par car de la reprise de l'immunothérapie chez les patients ayant présenté un EI grave.

Aurore MEURAT, Bordeaux