Transplantatation pour hépatite alcoolique : les tanguy de l’hôpital ?
Position du problème
La transplantation hépatique (TH) améliore la survie à court et à long terme des patients ayant une hépatite alcoolique (HA) sévère cortico-résistante. Ces patients plus fragiles seraient potentiellement plus à risque de complications lors de la TH. Cette étude ancillaire de étude prospective multicentrique QuickTrans se propose de comparer la morbi-mortalité péri-opératoire des patients transplantés pour HA ou pour cirrhose décompensée (CD) liée à l’alcool.
Méthode
Les données pré, per et jusqu’à 90 jours postopératoires ont été recueillies rétrospectives chez les patients transplantés de l'étude QuickTrans pour HA ou CD dans 19 centres français de TH. Ces paramètres et la survie des patients à J90 et à 2 ans de la TH ont été comparées entre les deux groupes. Le recueil comportait : en pré-TH (âge, Meld, index de Charlson, âge du donneur), en per TH (qualité du greffon, ischémie froide, instabilité hémodynamique, transfusion) et en post TH (dialyse, amines ou ventilation mécanique à H24, durée totale d'hospitalisation et en USI/réa et complications).
Résultat
68 patients transplantés pour HA et 93 pour CD ont été inclus. Le Meld à la TH était plus élevé chez les patients HA (30.6vs22.3). En per transplantation, l’index de Charlson, l’âge du donneur et la durée médiane d’ischémie froide étaient comparables, mais les patients HA avaient plus souvent une instabilité hémodynamique (p=0.04). A 24H post TH, plus de patients HA étaient intubés, dialysés ou dépendants des amines mais sans atteindre la significativité. Les durées d’hospitalisation en réa et globale était significativement plus longues en cas d’HA et la TH pour HA un FDR d'hospitalisation. Les complications et les survies à J90 et à 2 ans dans les 2 groupes étaient identiques (94%à J90) .
Conclusion
Même s'il n'est pas observé une augmentation des complications post TH après HA, la période périopératoire semble plus complexe, avec des durées d’hospitalisation en réa et totale prolongées en post TH, avec une tendance à une durée de défaillance plus longue. Cependant, la survie ne diffère pas entre les deux groupes et est excellente de 94% à 90 jours. Ces bons résultats sont probablement liés au caractère expert des centres recruteurs, la clé étant l’anticipation des complications per et postopératoires, notamment infectieuses, chez patients transplantés pour HA, déjà très immunodéprimés.
Camille ROBERT, Amiens