Cirrhose : les antibiotiques pas si automatiques ?

Position du problème

Les complications infectieuses chez les patients atteints de cirrhose sont fréquentes et constituent l'une des principales causes d'hospitalisation. Les germes multirésistants sont une réalité qui peut modifier les stratégies de traitement et de prévention des infections chez ces patients. L’objectif de cette étude était d'identifier les facteurs de risque d'apparition de germes multirésistants chez les patients cirrhotiques.

Méthode

Il s'agit d'une étude prospective, monocentrique, menée d'octobre 2017 à mars 2018 chez des patients cirrhotiques non compensés hospitalisés pour une complication infectieuse. Pour chaque patient inclus, ont été analysés les hémocultures aérobies et anaérobies, l'ECBU, et l'examen cytobactériologique du liquide d'ascite.

Résultat

Au total, 52 patients présentaient une complication infectieuse. Un germe a été retrouvé chez 37 patients, dont 18 présentaient une infection à germe multirésistant. Le Klebsiella BLSE était le germe le plus fréquent (44,4%). La présence de germes multirésistants était associée à la prise d'IPP (72,2%, p=0,032), d'antibiotique dans les 90 derniers jours dont la norfloxacine (94,4%, p=0,00312), et à une hospitalisation >48h ou une sortie <30jours (100%, p=0,0082).

Conclusion

L'utilisation sans discernement d'antibiotiques et d'IPP augmente le risque d'infections à germes multirésistants ce qui suggère que leur prescription devrait être limitée à une indication formelle. Une hospitalisation de plus de 48 heures ou une sortie de l'hôpital depuis moins de 30 jours ont également une influence sur l'apparition de germes multirésistants. Ceci suggère que les durées de séjour chez ces patients devraient être limitées au nombre minimum de jours requis.

Sabrina Sidali