Ablation par radiofréquence endoscopique écho-guidée (EUS-RFA) des lésions pancréatiques: sans risque et efficace?
Position du problème
L'ablation par EUS-RFA (sous échoendoscopie) a été décrite en 2015 comme une option thérapeutique efficace pour certaines lésions pancréatiques qu'elles soient kystiques ou solides. Entre 2015 et 2022, les premiers essais rétrospectifs et un essai prospectif multicentrique français ont été publiés avec une faible morbidité de la technique (pancréatite aiguë (PA) <2%) . ll est donc nécessaire d’obtenir des données supplémentaires d’efficacité et de sécurité.
Méthode
Afin d'évaluer la sécurité de la technique mais également les indications retenues, les effets indésirables et leur gestion, le succès clinique, tous les patients consécutifs réalisés au cours de 2019-2020 ont été récupérés. Pour chaque patient, l'indication, les données techniques procédurales, les événements indésirables (EI) précoces (<2 semaines) et tardifs (dans les 6 mois) et les résultats cliniques ont été enregistrés.
Résultat
20 centres ont participé à l'étude. 100 patients (104 lésions) ont été inclus et traités. Les indications étaient: TNE (61,4 %), métastases (22,1 %), TIPMP avec nodules (9,6%) , adénocarcinomes (5,8 %) et tumeurs solides pseudo-papillaires (1%). 67 tumeurs étaient situées >2 mm du Wirsung, 11 étaient à <1 mm. Le suivi moyen était de 13 mois. Il y a eu 22 EI dont 2 graves (9,5% de PA et 1,7% de PA sévère). Le seul facteur de risque identifié était la distance <1 mm au wirsung. L'ablation complète était obtenue dans 60% à 12 mois. Une deuxième RFA a été réalisée chez 28% des patients.
Conclusion
Dans cette large étude rétrospective, le taux d'EI de l’EUS RFA était supérieur à celui attendu mais les EI étaient rarement sévères. La proximité <1mm avec le Wirsung représente un facteur de risque indépendant d'EI. L'ablation des lésions était complète dans 60% des cas à un an. L'efficacité du traitement était indépendamment liée à la nature (TNE) et la taille <20mm de la lésion. Sa place pour les TNE non sécrétantes de petite taille, et les tumeurs agressives non opérables est à définir.
Teddy DEREGNAUCOURT, CHU Besançon