Chirurgie de la maladie de Crohn : pourquoi faire compliqué ?

Position du problème

Les modalités techniques de résection iléocolique (RIC) au cours de la maladie de Crohn font l'objet de débats depuis plusieurs années afin de minimiser le risque de récidive post-opératoire. Deux communications distinctes ont étudié l'impact de la technique d'anastomose et celui de la résection du mésentère.

Méthode

Une première cohorte prospective multicentrique française avec anastomose iléocolique selon Kono-S était comparée, via une analyse de propension, à une seconde cohorte prospective avec anastomose latéro-latérale conventionnelle. Dans la seconde étude internationale contrôlée, randomisée, la résection mésentérique associée était comparée à la RIC conventionnelle permettant la préservation du mésentère : les résultats préliminaires étaient présentés.

Résultat

L’anastomose iléocolique selon Kono-S n’apportait aucun bénéfice sur le risque de récidives cliniques (16% dans les 2 groupes) et endoscopiques (environ 45% dans les 2 groupes). Cependant, le taux de complications post opératoires était moins élevé dans le groupe Kono-S (14.7% vs 30% ; p<0.05). Le taux de récidive anastomotique endoscopique des malades opérés d’une résection iléocolique et mésentérique associée (40%) était similaire à celui du groupe de référence (51%, p=0.3). Les taux de complications post-opératoires étaient également similaires dans les groupes (environ 30%).

Conclusion

Sous réserve des résultats finaux, l’étude sur la résection étendue du mésentère devrait conduire au maintien des techniques chirurgicales actuelles. L’existence de nombreux biais potentiels de l'étude sur l’anastomose selon Kono-S ne permet pas de conclure sur l'intérêt réel de cette technique. En effet, des études antérieures ont montré des résultats inverses, potentiellement en lien avec le type d’anastomose conventionnelle réalisée (mécanique ou manuelle).

Nicolas RICHARD, Rouen