Dissection sous-muqueuse dans les MICI en cas de dysplasie visible : Cocorico, les données françaises

Position du problème

La dysplasie est fréquente chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) et sont désormais traitées endoscopiquement, dans une optique de préservation d’organe. La dissection sous-muqueuse (DSM) permet une résection en bloc et des taux de récidive très faibles. Cependant, il manque encore des données pour confirmer son efficacité à court et à long terme pour les dysplasies visibles chez les patients atteints de MICI.

Méthode

L’équipe de Limoges a évalué l'efficacité de la DSM pour les "dysplasies visibles" chez les patients atteints de MICI en réalisant une étude rétrospective multicentrique incluant toutes les DSM consécutives chez des patients atteints de MICI avec "dysplasie visible" dans 20 centres français, entre juin 2008 et mars 2022. Le critère de jugement principal était le taux de résection R0.

Résultat

88 lésions chez 82 patients (20 Crohn) ont été disséquées. Le suivi moyen était de 20 mois. Une résection en bloc, R0 et curative, a été atteinte dans 80 (91 %), 72 (81,8 %) et 70 (80 %) des cas. 1 patient a été opéré pour complication, 3 pour échec, 6 pour résection non curative, et 3 pour lésion métachrone. La récidive locale était plus fréquente chez les patients atteints de maladie de Crohn, ayant une CSP, un antécédent personnel de cancer colorectal et une maladie active. Le taux de perforation était élevé (14,8 %), confirmant la nécessité de référer ces lésions à un centre expert.

Conclusion

Il s'agit de la deuxième étude en terme de taille concernant la DSM dans les MICI. Elle confirme la faisabilité de la DSM avec un bon taux de résection R0 (81,8%), au prix d'un taux de perforation élevé mais avec recours à la chirurgie faible. Des précautions particulières sont à prendre avec discussion pluridisciplinaire chez les patients atteints de maladie de Crohn, avec antécédent de cancer colorectal, CSP associée, et maladie active au moment de la résection.

Lucile HEROIN, Strasbourg