Efficacité (ou non !) des anti-acides dans la prévention des hémorragies retardées après dissection sous-muqueuse œsophagienne

Position du problème

Les IPP sont utilisés de façon courante après dissection sous-muqueuse (DSM) pour prévenir les hémorragies retardées (HR) (incidence 1,3-4,3%). Leur efficacité n’a cependant jamais été évaluée dans cette indication, en raison de la faible incidence des hémorragies. Le but de l’étude de Tanaka et al était ainsi d’évaluer l’efficacité des IPP ou du Vonoprazan (un nouvel anti-acide qui inhibe la H+, K+-ATPase via le récepteur potassique) en prévention des saignements retardés post-DSM œsophagienne.

Méthode

Cette étude rétrospective a utilisé une base de données japonaise, utilisée par 1 100 centres, entre avril 2012 et mars 2020. Les patients déjà sous anti-acides étaient exclus. Les patients ont été scindés en deux groupes : ceux sous IPP ou Vonoprazan après le geste et ceux sans traitement. Le critère de jugement principal étant l'incidence d’HR, définies comme des hémorragies à plus de 48h de la procédure et nécessitant une hémostase endoscopique.

Résultat

Parmi les 63 130 patients ayant bénéficié d’une DSM œsophagienne, 54 345 ont été inclus dans l’étude, dont 8 237 (15,16 %) dans le groupe sans traitement et 46 108 (84,84 %) dans le groupe avec traitement (IPP : 34 380 et Vonoprazan : 11 728). Le taux d’HR n'était pas significativement différent entre le groupe sans traitement et le groupe avec traitement (1,41 % contre 1,69 %, IC à 95 % : 0,93-1,54, p=0,227). Les taux d’HR étaient les mêmes quel que soit la localisation de la DSM, et ce notamment au niveau de l’œsophage inférieur, que le patient soit sous traitement anti-acide ou non.

Conclusion

Cette étude de cohorte rétrospective montre donc que les anti-acides en prévention de l’hémorragie retardée post DSM œsophagienne soignent plus l’endoscopiste que le patient ! Il faut cependant encore évaluer le risque de sténose secondaire au traitement endoscopique chez les patients ne bénéficiant pas de traitement par IPP ou Vonoprazan, surtout dans le cas de résection étendue ou circonférentielle avant d'abandonner cette prescription habituelle.

Lucile HEROIN, Strasbourg