La chirurgie anti-reflux en prévention de l’adénocarcinome oesophagien chez les patients à risque ?

Position du problème

La chirurgie anti-reflux pourrait être un moyen plus efficace que le traitement par IPP pour diminuer l'exposition acide oesophagienne, mais également l'exposition aux autres cancérogènes gastriques. La chirurgie serait-elle supérieure au traitement par IPP seul dans la prévention de l'adénocarcinome oesophagien dans la population à haut risque avec endobrachyoesophage (EBO) ?

Méthode

Il s'agissait d'une étude de cohorte multi-nationale (Danemark, Finlande, Norvège et Suède) issue des registres nationaux incluant tous les patients avec EBO. La période d'inclusion variait de 1987 à 2020 selon les pays. Les patients opérés étaient comparés aux patients non opérés, supposés sous traitement IPP (groupe défini par l'absence de chirurgie). L'objectif était d'évaluer l'incidence de l'adénocarcinome oesophagien chez les patients avec EBO.

Résultat

L'analyse a inclus 33.939 patients avec EBO. Parmi eux, 542 (1,6%) ont eu une chirurgie anti-reflux. Le suivi médian était de 4,9 ans dans le groupe chirurgie et 11,4 ans dans le groupe IPP seul. Au cours du suivi, le risque de cancer paradoxalement augmenté (HR 1.9 95% CI 1.1-3.5). Ce sur-risque semblait même s'accroitre après 10 ans de suivi (HR 4.4 95% CI 1.4-13.5).

Conclusion

La chirurgie anti-reflux ne semble pas être supérieure au traitement médical dans la prévention de l'adénocarcinome oesophagien chez les patients avec EBO. Il est probable que les patients opérés soient ceux avec un reflux sévère non contrôlés par le traitement par IPP seul. La surveillance endoscopique reste impérative chez les patients avec EBO quelques soient les modalités de prise en charge des symptômes.

Tudual CORBEL, Saint-Brieuc