Le reflux sans oesophagite : facteur de risque de cancer oesophagien ?
Position du problème
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est associé à un risque accru d'adénocarcinome œsophagien. On distingue deux groupes de patients souffrant de RGO, ceux avec un reflux dit "érosif" avec endobrachyoesophage et/ou oesophagite et ceux avec un reflux dit "non érosif" sans lésion endoscopique. Le but de cette étude était de mesurer l'incidence d'adénocarcinome (ADK) oesophagien chez les patients avec un reflux acide non érosif en comparaison à la population générale
Méthode
Cette étude de cohorte a inclus les 486 556 patients ayant eu une endoscopie pour RGO en Finlande, au Danemark ou en Suède entre 1987 et 2019. Le suivi débutait un an après la date de la première endoscopie pour s'assurer de l'absence de signe érosif et s'arrêtait en cas d'ADK, de décès ou de la fin de l'étude. L'incidence de l'ADK dans le groupe reflux non érosif était ensuite comparé aux incidences nationales.
Résultat
Parmi les 285 811 patients atteints de RGO non érosif, 228 ont développé un adénocarcinome œsophagien au cours du suivi. Le risque global d'adénocarcinome œsophagien était similaire à celui de la population de base (HR 1,04) et n'augmentait pas avec la durée du suivi. Ces résultats ne différaient pas dans les analyses en sous groupe en fonction de l'âge et du pays d'origine du patient mais les femmes semblaient plus à risque de développer un ADK oesophagien (HR 1,38).
Conclusion
Les patients avec un RGO non érosif semblent présenter un risque similaire d'adénocarcinome œsophagien par rapport à la population générale. Cependant, l'existence de biais potentiels liés à l'absence de confirmation diagnostique (pH-métrie des 24 heures) et de données sur la prise d'IPP, rend difficile l'interprétation de ces résultats.
Victor GARBAY, Marseille