RCH : gare aux IPPs!

Position du problème

Cette étude a évalué l’effet délétère potentiel des IPPs sur l'évolution de la RCH. En effet, la modification du microbiote induite par l’hypochlorhydrie des IPP pourrait influencer la sévérité de la maladie. Le risque de développement d'une RCH sous IPP n'était en revanche pas l’objet de l’étude.

Méthode

Une cohorte de plus de 10 000 patients avec une RCH diagnostiquée entre 2010 et 2020 a été analysée sur la base d'un registre national norvégien. La prescription d'un IPP pour une durée minimale d'un mois était mise en lien avec le risque d'aggravation de la RCH. L’aggravation était définie comme la nécessité d’une colectomie ou d’une escalade thérapeutique (corticothérapie ou biothérapie).

Résultat

La prescription d'IPP augmentait de 18% le risque d'escalade thérapeutique (HR 95% CI 1.05-1.32) et de 52% le risque de colectomie (HR 95% CI 1.17-1.98). Ces résultats étaient obtenus après correction des facteurs confondants suivants: hospitalisation, âge, prise d'AINS ou de corticoïdes Par ailleurs, la prescription d’IPP n’était justifiée a priori que chez 66% des malades.

Conclusion

Cette étude ne permet de montrer qu’une association entre traitement par IPP et sévérité de la RCH, sans pouvoir affirmer une relation de cause à effet. Le statut tabagique et les paramètres nutritionnels n’étaient pas pris en compte ici. Cependant, ces résultats doivent inciter à une prescription raisonnée d'IPP chez les patients atteints d'une RCH (et les autres…).

Nicolas Richard, Rouen