Résection des adénocarcinomes sur EBO : pas de R0 ? pas de panique
Position du problème
Une marge tumorale positive en profondeur (R1v, v pour vertical) est considérée comme un facteur de risque de cancer résiduel après résection endoscopique d'une néoplasie précoce dans l'EBO. Une chirurgie supplémentaire doit être préconisée après une résection R1v, mais souvent aucune tumeur résiduelle n'est détectée dans la pièce de résection chirurgicale. Dans cette étude hollandaise, le risque de cancer local résiduel chez les patients ayant une R1v confirmée histologiquement a été évalué.
Méthode
Tous les patients traités par résection endoscopique d'une néoplasie sur EBO de 2008 à décembre 2020 dans les centres experts hollandais avec marges R1v ont été inclus. Les lames histologiques ont été relues par un groupe d'anatomopathologistes experts pour confirmer la présence de cellules tumorales au contact de la marge verticale. Les patients avec une lésion R1v bénéficiaient d'un suivi endoscopique de 36 mois.
Résultat
110 patients ont été inclus, 73 traités par EMR et 37 par ESD, pour des cancers T1a (n=20) et T1b (n=88). Les marges R1v ont été confirmées chez 79 patients (73%). La présence de cancer résiduel était inconnue chez 8/79 patients avec R1v confirmé. Parmi les 71 patients restants avec R1v confirmé, une néoplasie résiduelle était présente chez 36 (51%) patients au cours les 36 mois du suivi. Le risque de cancer résiduel était plus élevé, de manière non significative, avec l'augmentation de la largeur de la marge positive profonde en analyse univariée (P=0,059).
Conclusion
Malgré des marges de résection profondes R1, un patient sur deux ne présente pas de cancer résiduel après un suivi de 36 mois. Sur le même principe que la surveillance des patients avec une résection R1 latérale (TNCD) ces patients pourraient donc éviter une prise en charge chirurgicale sous réserve d'une surveillance endoscopique étroite. A noter que 2/3 des patients ont bénéficié d'une résection par EMR (peace meal) qui n'est pas recommandée pour un cancer.
Victor GARBAY, Marseille