Greffon arrosé, greffon assassiné
Position du problème
La cirrhose alcoolique est la 1ère indication de transplantation hépatique en France, chez des patients parmi lesquels 20% d'entre eux vont reprendre une consommation éthylique pouvant conduire à la récidive de cirrhose d'évolution rapidement défavorable (20% de mortalité à 10 ans). Il s'agit de décrire l'histoire naturelle de cette cirrhose éthylique du greffon hépatique.
Méthode
Etude rétrospective multicentrique sur 4 centres français, soit 862 patients transplantés initialement, parmi lesquels ont été inclus les patients présentant une récidive de cirrhose éthylique sur le greffon confirmée histologiquement ou par un faisceau d'arguments , en l'absence d'autre cause.
Résultat
128 patients ont repris une consommation éthylique post-greffe, dont 40 ont évolué vers une cirrhose (31%). La rechute éthylique intervenait en moyenne 1,5 an après la greffe, aboutissant à une cirrhose en 3 ans et à des épisodes de décompensation dans 90% des cas dans l'année suivant le diagnostic de cirrhose. Les décompensations étaient souvent multimodales. La médiane de survie était de 10 ans en post-transplantation, avec une mortalité à 5 ans de 50% de cause principalement hépatique.
Conclusion
La récidive alcoolique en post-greffe est un évènement péjoratif pour le greffon, aboutissant rapidement à une fibrose puis à une cirrhose à très haut risque de décompensations précoces et graves pouvant conduire au décès du patient.
Ludivine GAN, Marseille