La prise en charge diététique en renfort de la chimiothérapie

JFHOD 2018

Position du problème

Avec une prévalence aux alentours des 40%, la dénutrition augmente la morbidité et la mortalité des patients suivis pour cancer. La chimiothérapie aggrave très souvent cette dénutrition (toxicité directe, troubles du goût, mucite...). Le but de ce travail était d’évaluer le bénéfice d’une prise en charge diététique précoce et active chez des patients en première ligne de chimiothérapie pour cancer colorectal (CCR) métastatique.

Méthode

Dans une étude prospective, multicentrique et ouverte, des patients non dénutris ont été randomisés pour avoir (G1) ou non (G2) une prise en charge diététique précoce et active. Les patients du G1 recevaient régulièrement des conseils nutritionnels personnalisés par un diététicien. L’objectif principal de l’étude était d’évaluer la survenue de toxicité grade 3 ou plus au cours du suivi de 1 an.

Résultat

173 patients ont été évalués en intention de traiter. Une toxicité de grade 3 ou plus était observée chez 49,4% des patients du G1 et 67% du G2 (RR=0,367 ; IC 95% : 0,186- 0,722 ; p=0,0037). Les apports énergétiques et protéiques des patients du G1 étaient supérieurs de 222 ± 76 kcal/j et 11,4 ± 4,8 g/j à ceux du G2 (P=0,004). Au 6ème mois, 14,8% des patients du G1 et 30,8% des patients du G2 (P=0,03) étaient dénutris.

Conclusion

Cette étude montre pour la première fois qu’une prise en charge diététique précoce et active réduit le risque de développer une toxicité de grade 3 et plus chez des malades en première ligne de chimiothérapie pour CCR métastatique. Ces résultats plaident pour une systématisation de la prise en charge diététique précoce et active chez les malades porteurs d’un CCR métastatique traités par chimiothérapie.

Thomas Mouillot, Dijon