Libéré du VHC mais pas délivré du suivi : les risques hépatiques persistent !

Position du problème

L'éradication du VHC chez les patients ayant une maladie hépatique chronique compensée (cACLD) réduit les risques de CHC et de décompensation hépatique sans pour autant les supprimer. Les objectifs de cette étude étaient d'évaluer les incidences de survenue de décompensation hépatique (DH) et de CHC après éradication du VHC par anti viraux directs (AAD) et de déterminer la capacité des tests non invasifs réalisés post-traitement (ttt) à prédire la survenue de ces risques à long terme.

Méthode

Cette étude rétrospective multicentrique européenne incluait des patients avec cALD ayant eu une mesure d'élasticité (LSM) et un dosage des plaquettes pré et post-ttt du VHC par AAD. Des courbes d'incidence cumulée permettaient d'estimer les incidences de CHC et de DH dans la cohorte globale et dans les groupes à risque (patients ayant une hypertension portale cliniquement significative selon Baverno ou un haut risque de CHC selon l'algorithme publié par Semmler et al. (J Hep 2022).

Résultat

2347 patients (âge médian de 60 ans, 21% d'obèses et de diabétiques) ayant une LSM médiane de 16 kPa (25% ≥25kPa) avant ttt étaient suivis pendant une durée médiane de 6 ans après ttt. L'incidence de la première DH augmentait linéairement atteignant 3,2% à 6 ans. De même, l'évolution de l'incidence du CHC était linéaire atteignant 8,3% à 6 ans. Les groupes à haut risque avaient respectivement un risque de DH et de CHC de 14% et de 15,6%. Ces risques restaient élevés même si on se limitait à la survenue de ces évènements plus de 3 ans après ttt.

Conclusion

Chez les patients ayant une cALD, les risques de CHC et de décompensation hépatique persistent après éradication du VHC et se maintiennent au long cours. La réalisation de tests non invasifs (LSM, le taux de plaquettes et d'albumine) après l'éradication du VHC permet d'identifier les patients à haut de décompensation hépatique et de CHC. Dans l'attente de confirmation de ces résultats par d'autres études, une surveillance accrue devrait être discutée chez ces patients à haut risque.

Line Carolle NTANDJA WANDJI, Lille