La rémission durable après résection iléocaecale dans la maladie de Crohn est-elle possible ? Résultats au long court de la cohorte du GETAID chirurgie

Position du problème

La récidive post opératoire est fréquente (>50%) au cours de la maladie de Crohn (MC), nécessitant fréquemment une reprise des traitements médicaux ou une nouvelle chirurgie . L'objectif de cette étude du GETAID était de mettre en évidence le profil de patient idéal pour la "chirurgie curative" permettant une rémission prolongée de la maladie.

Méthode

Dans cette étude rétrospective, les données de 592 patients ayant une MC opérée entre 2013 et 2015, avec un suivi de plus de 36 mois, ont été analysées (issue de la cohorte prospective GETAID chirurgie). Le critère de jugement principal était la rémission profonde, définie par l'absence de récidive endoscopique (Rutgeerts ≥ i2) et/ou l'absence d'optimisation thérapeutique. Les facteurs prédictifs de rémission profonde ont été recherchés en évidence par analyses uni et multivariée.

Résultat

Sur les 268 patients inclus, 93% avaient une pathologie pénétrante (B2 ou B3 selon la classification de Montréal). 66% des patients ont eu un traitement préventif de la récidive post opératoire. Après un suivi de 85 mois, 19% des patients étaient en rémission durable, dont 46% sans traitement médical et 54% sous traitements immunosuppresseurs et biothérapies ne nécessitant pas d'optimisation thérapeutique (54% d'entre eux étaient sous anti-TNF). En analyse multivariée,seul le phénotype B1 ressort comme étant prédictif de rémission prolongée (OR=3.59, IC95%[1.13-11.37], p=0.030).

Conclusion

Ces données confortent celles de l'étude LIRIC et montrent qu'une rémission profonde est obtenue chez environ 20 % des patients. Parmi eux, 40% étaient atteints de MC de phénotype non pénétrant, non sténosant (B1). Ce résultat doit faire considérer la chirurgie comme alternative à la prise en charge médicale dans la maladie de Crohn iléocolique non compliquée.

Dr Pauline Merle (Toulouse)