L’IRM dans le dépistage du CHC chez les cirrhotiques à haut risque : un avenir prometteur ?

Position du problème

Chez les cirrhotiques, la surveillance du carcinome hépatocellulaire (CHC) par imagerie par résonance magnétique (IRM) pourrait augmenter la détection précoce des tumeurs et la survie. Mais, se pose la question de son cout-efficacité. Le but de cette étude était d'estimer la proportion de patients avec cirrhose non virale ou virologiquement guérie/contrôlée ayant un risque annuel de CHC >3% ainsi que de déterminer le rapport coût-efficacité de l'IRM pour la détection du CHC unique <2cm (BCLC 0).

Méthode

À partir de 4 cohortes prospectives multicentriques, des patients avec une cirrhose compensée ont été évalués. Un score a été construit afin d'identifier la proportion de patients avec un risque annuel de CHC >3%. Une évaluation économique a estimé les coûts et les années de vie (LY) gagnées avec une surveillance par IRM par rapport à l'échographie sur 20 ans. Le rapport coût-efficacité (ICER) a été calculé en divisant les coûts différentiels entre les deux techniques par les LY différentiels.

Résultat

4973 patients ont été considérés dans les différentes cohortes. 2513 patients avaient une cirrhose non virale (n=840) et/ou avec un VHC guéri (n=1489) ou avec un VHB contrôlé (n=184). 206 CHC ont été détectés sur un suivi de 37 mois. L'application du score a permis d'identifier un risque annuel de CHC > 3% chez un tiers des patients. Parmi les CHC détectés par échographie, 14 % étaient à un stade BCLC 0 contre 63 % dans le groupe IRM. Entre les deux groupes, la différence de LY était de 0,4 sur un horizon de 20 ans. L'ICER était de 14 624/LY.

Conclusion

Un risque annuel de CHC > 3% concerne un tiers des patients cirrhotiques. Dans ce sous-groupe de patients, l'IRM est coût-efficace et pourrait favoriser une détection plus précoce du CHC (BCLC 0) permettant alors une prise en charge curative avec une amélioration de la survie. Cependant, ce résultat nécessite d’être confirmé dans un essai randomisé (essai FASTRAK en cours). À suivre…

Louise LEBEDEL, Caen