Etude NEOPAN : place du FOLFIRINOX dans les cancers pancréatiques localement avancés, des résultats en demi-teinte

Position du problème

Le cancer pancréatique localement avancé (CPLA), retrouvé dans 30% des cas, pose une problématique complexe, de par la nature agressive de cette tumeur (médiane de SG < 1 an), et son caractère non résécable nécessitant l'initiation d'une chimiothérapie première. Le FOLFIRINOX (FFX) a montré sa supériorité par rapport à la GEMCITABINE (Gem) en situation métastatique en termes de SG et SSP, mais son utilisation en L1 du CPLA vs Gem n'avait pas encore été étudiée par une étude de phase III.

Méthode

L'ensemble des patients inclus dans l'étude, tous atteints d'un CPLA histologiquement prouvé, avec score OMS ≤ 1, ont été randomisés dans 2 bras, le bras Gem et le bras FFX. La stratification reposait sur le centre, la localisation tumorale, le stade OMS et l'âge. Le critère principal d'intérêt était la SSP, les critères secondaires comprenaient notamment la SG, le % de chirurgie secondaire à visée curative, le TRO/TCM, la qualité de vie et la tolérance des traitements.

Résultat

171 patients ont été inclus, avec un suivi médian de 43,7 mois. L'étude est positive sur son critère principal, avec une SSP médiane à 9,7 mois dans le groupe FFX vs 7,5 mois dans le groupe Gem (HR=0,7, p=0,03). Cependant, la SG, bien qu'étant un critère secondaire, n'a pas été modifiée par le FFX (médiane à 15,1 mois vs 15,6 mois dans le groupe Gem). La tolérance reste correcte malgré cette séquence lourde, avec des taux d'EI de grade ≥ 3 similaire dans les 2 bras (41% bras FFX, 38% bras Gem). 57% ont bénéficié d'une L2 de traitement, et seulement 9/171 d'une chirurgie à visée curative.

Conclusion

Le FOLFIRINOX est déjà utilisé en L1 des CPLA en pratique clinique, et cette étude majeure vient apporter de nouveaux arguments pour son utilisation, de par l'efficacité sur la SSP, mais également un profil de tolérance qui reste favorable. Bien qu'étant un critère secondaire, l'étude n'a malheureusement pas montré de différence significative sur la SG, et appuie la nécessité de continuer nos études, pour tenter d'améliorer le pronostic très défavorable des cancers pancréatiques.

Steven Cuissy, Rouen