L’arrêt précoce des anticalcineurines permet de diminuer le risque de néoplasie de novo après transplantation hépatique pour maladie du foie liée à l’alcool

Position du problème

La survenue de néoplasie de novo après transplantation hépatique (TH) est fréquente, notamment dans la maladie du foie liée à l'alcool (MFLA) et impacte la survie 5 ans actuellement à 75%. Cette étude avait pour objectif d'identifier les facteurs de risque de néoplasie dans la population MFLA, et tout particulièrement, le rôle de l'arrêt des anti-calcineurines (ICN) sur ce risque.

Méthode

493 patients transplantés pour une MFLA, et ayant survécu au moins 6 mois, ont été inclus entre 1990 et 2015 ont été inclus dans cette étude rétrospective, monocentrique (CHU Lyon). Tous les patients avaient une immunosuppression standard en post-TH comprenant notamment un traitement anti-calcineurine, poursuivi tout au long du suivi pour 395 patients (80%), et interrompu pour 98 patients (20%) avec un délai médian de 4,91 années post-TH.

Résultat

Sur les 493 patients inclus, 278 néoplasies ont été diagnostiquées chez 214 patients (43.4%). L’incidence cumulée était de 16.3 % à 5 ans, 34.4% à 10 ans et 49.8% à 15 ans, avec une prédominance de cancers ORL, de la peau (hors mélanome) et pulmonaires. La survie après le diagnostic de néoplasies de novo était de 42.7% à 5 ans. En analyse multivariée, les facteurs de risque indépendants de néoplasie de novo étaient le sexe masculin, le tabagisme actif ou sevré. L’arrêt des ICN était un facteur protecteur, et était également associé à un délai médian plus tardif du diagnostic de néoplasie.

Conclusion

Cette étude confirme le risque majeur de néoplasie de novo post-TH pour MFLA, et le rôle important de facteurs de risque, déjà bien décrits, non modifiables : le tabac et le sexe. L’arrêt du traitement par ICN est un facteur protecteur et sa substitution par un inhibiteur de mTOR à un an post TH est à discuter, particulièrement chez les patients les plus à risque (âgés et tabagiques). Cependant, un dépistage systématique et un sevrage tabagique sont primordiaux.

Marie de Matharel, Nice