Le graal de la perte de l’antigène HBs : un évènement pas si rare !

Position du problème

L'infection virale B chronique AgHBe-, ancien portage inactif de l'AgHBs, se définit par des transaminases normales, un ADN VHB < 20 000 UI/ml. en l'absence de fibrose hépatique significative Un taux faible d'AgHBs serait un facteur prédictif de guérison fonctionnelle avec perte de l'Ag HBs et séroconversion HBs. L’objectif de cette cohorte prospective multicentrique était d’étudier le profil évolutif de ces patients et d'identifier les marqueurs prédictifs de guérison ou de réactivation.

Méthode

606 porteurs chroniques de l'AgHBs, ayant les critères diagnostic d'infection virale B AgHBe négatif - ALAT normales et ADN VHB < 20 000 UI/ml sur des biologies trimestrielles durant minimum 1 an sans fibrose à l'élastométrie hépatique- sans coinfection virale, ont été inclus dans la cohorte PIBAC dans 24 centres des hôpitaux généraux. Les patients ont été surveillés pendant 5 ans, avec recueil annuel de données clinico-biologiques, échographiques et élastométriques.

Résultat

L'âge moyen est de 42 ans, 54% de femmes, principalement originaires d’Afrique sub-saharienne (47%). L’AgHBs était >1000 UI/ml chez 60%, et les génotypes A (28%) et E (37%) étaient les plus fréquents. 353 patients ont été évalués à 5 ans dont 13 avec une réactivation virale et 39 avec une pertes de l'AgHBs. La réactivation virale était rare (0.4%/an), sans facteur prédictif significativement associé. La perte de l'Ag HBs était associée à un âge plus élevé (p<0.01) et une charge virale faible (p<0.01). Aucune évolution vers la cirrhose ou le carcinome hépatocellulaire n'a été observée.

Conclusion

Cette cohorte confirme les données de la littérature avec une perte de AgHBs chez plus de 11% des patients, favorisée par une faible charge virale et une infection ancienne mais, de façon surprenante non impactée par le taux d'AgHbs. L'originalité de cette cohorte est la prédominance de génotypes A et E, africains, peu décrits, associés à une antigénémie HBs élevée. La surveillance au long terme de ces porteurs chroniques anciens de l'AgHBs avec faible charge virale pourrait être allégée.

Lina Hountondji, Montpellier