Poursuite des anti-TNF durant le 3ème trimestre de grossesse : tous les voyants sont au vert !

Position du problème

La prise en charge des patientes MICI sous anti-TNF au décours de la grossesse est un enjeu important. Malgré les données croissantes sur l'utilisation des ces thérapeutiques, environ 50% des femmes en France, et 20% aux USA, arrêtent leur traitement au 3ème trimestre (T3) de la grossesse (> 24 SA) . Cette étude se propose d'évaluer, chez les mères et leurs enfants, les bénéfices et risques de la poursuite des anti-TNF au T3.

Méthode

Cette étude repose sur une émulation d'essai à partir de données du système national de données de santé entre 2010 et 2020. Toutes les grossesses avec naissances exposées entre la conception et 24 SA aux anti-TNF ont été incluses, et la randomisation mimée via score de propension. Les critères d'intérêt portaient sur les poussées de MICI de la mère jusqu'à 6 mois après la grossesse, les complications de la grossesse et les infections graves chez les enfants sur les 5 premières années de vie.

Résultat

Sur la période d'intérêt, 5293 grossesses ont été incluses, 2890 avec arrêt des anti-TNF > 24 SA, 2403 avec poursuite. La poursuite était significativement associée à une diminution des rechutes entre 32 SA et 6 mois post-partum vs arrêt (35,8% vs 39%, RRa= 0,93). La poursuite était associée à une réduction de la prématurité vs l'arrêt (7,6% vs 8,9%, RRa = 0,82). Aucune différence sur les autres complications de la grossesse. Enfin, avec un suivi médian de 3,8 ans, 5135 enfants ont été inclus, et la poursuite des anti-TNF n'était pas associée à une augmentation du taux d'infections sévères.

Conclusion

Devant la difficulté de réaliser une étude randomisée pour évaluer le rôle des anti-TNF pendant la grossesse, ce travail majeur nous apporte des données pertinentes en faveur de leur utilisation. La diminution de l'activité des MICI après 32 SA, la diminution de la prématurité, et l'absence d'augmentation des autres complications liées à la grossesse et des infections graves chez les enfants sont en faveur du maintien des anti-TNF chez les femmes enceintes après 24 SA.

Steven Cuissy, Rouen