Quel risque évolutif pour les incidentalomes pancréatiques de petite taille ?
Position du problème
La découverte fortuite des incidentalomes pancréatiques neuroendocrines non fonctionnels (IPNNF) de petite taille est croissante. En l’absence de signes de malignité, leur prise en charge n’est pas codifiée entre chirurgie ou surveillance, et leur potentiel évolutif reste mal connu. IPANEMA est une étude prospective multicentrique menée dans 12 centres entre 2016 et 2019 visant à évaluer l’incidence de malignité des IPNNF et leur taux d’évolutivité.
Méthode
Les patients ayant un IPNNF ≤2 cm (sur critères histologiques ou radiologiques) de découverte fortuite ont été inclus. Les TNE de G3 et les NEM1 étaient exclus. Les critères de jugement sont l’incidence de malignité (au moins un des critères parmi : tumeur G3, présence de métastases gg et/ou à distance, doublement en taille du primitif pendant le suivi) et le taux d’évolutivité à 3 ans des IPNNF ≤ 2cm non opérés (progression de taille tumorale > 20% et/ou >2mm/an et/ou apparition de métastases).
Résultat
111 patients ont été inclus (61% de femmes, âge médian 63 ans, taille médiane de la lésion 13 mm) 92 patients (83%) ont été surveillés, 19 (17%) ont été opérés (sur symptômes, décision RCP ou demande du patient) dans un délai médian de 2,76 mois après inclusion. Le suivi médian était de 38 mois. L’incidence de malignité était de 3,6 % (3 sur pièce opératoire, 1 évolution métastatique à 12 mois) et le taux d’évolutivité à 3 ans de 4,5%. Après chirurgie, le taux de complications était de 26,1% (4 fistules, 2 hémorragies). Il n’y a pas eu de récidive ni de décès en lien à la TNE.
Conclusion
Ces données sont rassurantes et montrent un faible taux de malignité et d’évolutivité à 3 ans des IPNNF ≤2 cm sporadiques. En l’absence de critères de malignité, éviter la chirurgie (et ses potentielles complications, 26% dans cette série) pour ces tumeurs est possible, après discussion avec le patient et validation en RCP RENATEN, et au prix d’une surveillance régulière et prolongée compte tenu de l’évolution habituellement lente de ces tumeurs.
Johanna Pokossy Epee