Quelle efficacité de la vaccination pour nos patients cirrhotiques ?

Position du problème

La cirrhose est responsable d’un dysfonctionnement immunitaire associé à un risque élevé d’infections bactériennes sévères. Bien que la réponse vaccinale en cas de cirrhose soit moins importante que chez l’immunocompétent, de nombreuses infections peuvent être prévenues par la vaccination. L’objectif de cette étude prospective est de décrire l'immunogénicité vaccinale chez les cirrhotiques, ainsi que les facteurs prédictifs de cette réponse contre le pneumocoque, la diphtérie et le tétanos.

Méthode

Les patients ont été inclus en consultation, après dosage ELISA du taux d'anticorps anti-tétanos, diphtérie et pneumocoque (V0). Tous ont reçu une dose de vaccin conjugué pneumococcique 13-valents et une dose de vaccin contre le tétanos et la diphtérie, puis une dose de vaccin non-conjugué pneumococcique 23-valents à 2 mois. Le taux d'anticorps post-vaccinal après 6 mois (V1) définissait la protection vaccinale (IgG >1 mg/l ou >1 UI/ml). Le ratio V1/V0 >= 1.1 définissait la réponse vaccinale.

Résultat

Parmi les 120 patients inclus: l'âge médian était de 64 ans et la cirrhose était compensée dans 83% des cas. Après vaccination contre la diphtérie et le tétanos, respectivement 7% et 36% des patients avaient une protection à long terme. La protection vaccinale contre le pneumocoque oscillait de 70 à 94% selon le sérotype. La fonction rénale était statistiquement associée à la protection vaccinale contre le pneumocoque (p<0.05), et l'étiologie virale était un facteur prédictif de réponse vaccinale (p<0.05).

Conclusion

La vaccination contre le pneumocoque semble être efficace chez les patients cirrhotiques, avec jusqu'à 94% de protection vaccinale après 6 mois. Les vaccins contre la diphtérie et le tétanos semblent peu efficaces. Cette étude rappelle l'intérêt de la vaccination en prévention primaire des infections bactériennes sévères chez les sujets cirrhotiques, en particulier les infections invasives à pneumocoque pour lesquelles la protection post-vaccinale est élevée.

Lina Hountondji, Montpellier