Atrésie de l’oesophage : quel impact nutritionnel à l’âge adulte ?

Position du problème

L'atrésie de l'œsophage (AO) est une malformation congénitale rare (1/2500 à 4000), définie comme un défaut de communication entre les culs-de-sac supérieur et inférieur de l'oesophage, associée à une communication trachéale dans 90% des cas. Le diagnostic est majoritairement néonatal (80% des cas) et nécessite une prise en charge chirurgicale initiale, quasi-systématiquement à J1 de vie. Les conséquences digestives et nutritionnelles imposant un suivi à vie, l'objectif de l'étude était de décrire le devenir de jeunes adultes suivis pour une AO à la transition en médecine adulte.

Méthode

Il s'agit d'une étude rétrospective menée au sein du centre de référence des maladies chroniques et malformatives de l'oesophage (CRACMO), qui recense les patients nés avec une AO entre 1972 et 2002 dans la région des Hauts de France et ayant bénéficié d'une première consultation de suivi en médecine adulte. Les données anamnestiques, cliniques et endoscopiques étaient recueillies. Les facteurs d'association à la dénutrition étaient définis à priori (communication trachéale, Nissen, symptômes, syndrome VACTERL), puis testés via un modèle de régression logistique.

Résultat

Au total 105 patients adultes ont été inclus, dont 81 ont pu être analysés sur la base de la 1ère consultation adulte. La première consultation avait lieu en moyenne à 18 ans, tous les patients avaient été opéré à J1 de vie. Les patients avaient majoritairement un IMC normal mais 30% d'entre eux étaient dénutris (nécessitant une prise en charge nutritionnelle pour 26% des patients). Les patients avec antécédent d'AO avaient toutefois un poids et une taille inférieurs à une population appariée en âge sans cet antécédent. Les facteurs de dénutrition identifiés étaient le Nissen et la dyspepsie, sachant de 46 % des patients avaient eu un montage anti-reflux.

Conclusion

Les messages clés sont donc que ces patients atteints d'AO doivent être adressés vers un centre de référence avec une bonne structuration de la transition pédiatrie/adulte. Par ailleurs ces patients justifient une vigilance accrue de leur statut nutritionnel au moment de l'adolescence, notamment pour ceux ayant eu un montage de Nissen et une symptomatologie de dyspepsie. De plus la fréquence élevé d'une dénutrition, nécessite parfois une prise en charge spécifique, justifiant un suivi à vie de ces patients.

Augustin MERIA, Caen