La « résolution de la MASH sans aggravation de la fibrose » : critère purement statistique ou réel facteur impactant la survie globale dans la MASLD ? Une cohorte prospective de large effectif apporte enfin une réponse claire.
Position du problème
Les études évaluant l'efficacité des traitements médicamenteux et interventionnels dans le cadre de la MASLD (Metabolic Dysfunction Associated Liver Disease) s'appuient essentiellement sur la résolution de la MASH sans aggravation de la fibrose. Ce critère se substituant aux critères classiques de mortalité et de survie globale, son impact pronostic reste à ce jour inconnu. Ce travail vise donc à évaluer l'effet de l'amélioration histologique sur la survie globale après chirurgie bariatrique.
Méthode
Cette étude prospective a été menée sur une vaste cohorte lilloise de chirurgie bariatrique dont la période d'inclusion s'étend de 1994 à 2001. Une biopsie hépatique était réalisée lors de la chirurgie initiale puis reproposée à 1 an chez les patients atteints de MASH. L'analyse aura porté sur la survie à 15 ans, en tenant compte des données histologiques initiales et de celles à un an. De plus, l'impact de l'amélioration de la MASH sans aggravation de la fibrose aura également été évalué.
Résultat
Au final, 2682 patients ont été inclus dans l'analyse et 232 d'entre eux présentaient une MASH à l'inclusion. L'étude révèle pour la première fois un impact significatif et positif de la résolution de la MASH sans aggravation de la fibrose sur la survie globale à 15. De plus, les malades ayant connu une rémission de la MASH présentaient une survie globale comparable à ceux n'ayant pas de MASH au bilan initial. En revanche les données sur l'évolution de la fibrose montrent surtout un impact en cas de régression vers un stade < à F2, montrant bien les limites de ce seul critère.
Conclusion
Cette étude démontre pour la première fois l'impact positif et significatif de l'amélioration de la MASH sans aggravation de la fibrose sur la survie globale des patients atteints de MASLD. Les résultats présentés ici sont certes obtenus à partir d'une cohorte chirurgicale mais ils renforcent la pertinence des études médicamenteuses et endoscopiques partageant ce critère de jugement. Ceci devrait constituer un signal fort pour les autorités sanitaires.
Philippe ONANA, Nice